Canonisation du pape Paul VI et d’Oscar Romero

Le pape Paul VI et Mgr Oscar Romero seront canonisés dimanche 14 octobre 2018 par le pape François.

Paul VI

Élu pape pour succéder à Jean XXIII, qui venait d’ouvrir le concile Vatican II, Paul VI donna au Concile et à toute l’Église une impulsion nouvelle. Qui était Paul VI, qui sera canonisé le 14 octobre prochain ?

Naissance dans la grande bourgeoisie italienne
Giovanni Battista Montini est le 262e pape de l’Église catholique romaine. Il règne sous le nom de Paul VI du 21 juin 1963 au 6 août 1978. Né à Concensio, près de Brescia le 26 septembre 1897, il fait partie de la grande bourgeoisie italienne. Après de brillantes études en dépit d’une santé fragile, il est ordonné prêtre en 1920, date à laquelle il rejoint Rome pour étudier à la Grégorienne et à la Sapienza.

Début auprès des jeunes
Dès 1921, ce bourreau de travail fait ses premiers pas au Vatican où il mène une carrière ecclésiastique brillante et rapide. Montini se lie d’amitié avec les grandes personnalités intellectuelles du temps : Jean Guitton, Maurice Zundel, Jacques Maritain… Entre les deux guerres, l’aumônier national des étudiants affiche des positions résolument anti-fascistes.

Le pape du Concile Vatican II
À la mort de Pie XII, Jean XXIII est élu pape. Il crée aussitôt Montini cardinal et ouvre le Concile Vatican II. A la mort du souverain pontife, il est élu pape à son tour le 21 juin 1963 sous le nom de Paul. Esprit structuré, le nouveau pape encadre aussitôt les débats et leur donne une impulsion nouvelle sous sa direction scrupuleuse. Il définit les quatre priorités du Concile qu’il mettra tout son pontificat à mettre en œuvre : Redéfinir le lien entre le pape et les évêques et notamment la place de la collégialité dans la conduite de l’Église, favoriser l’unité des chrétiens par l’échange et le pardon, enfin relancer le dialogue avec le monde contemporain. Pour assurer la continuité des débats il s’appuie sur le Synode des Évêques, un organe consultatif qu’il a créé en 1965. C’est lui qui mènera le Concile à son terme.

L’ouverture au monde
Pendant et après le Concile, Paul VI multiplie des voyages à grande portée symbolique et pastorale. Il se rend en pèlerinage à Jérusalem où il rencontre de nombreuses personnalités dont le patriarche de Constantinople Athénagoras qu’il verra à plusieurs reprises. Il levera les anathèmes et les condamnations entre Rome et Constantinople résultant du schisme de 1054 (1967). Aux États-Unis, il prononce à l’ONU son fameux « plus jamais la guerre » (1965). En Amérique latine, il exhorte l’Église à prendre position en faveur des plus pauvres. Il appelle aussi les Africains « à être [leurs] propre missionnaires ». Son encyclique Populorum progressio (1967) encourage la coopération internationale en faveur du développement.

Dans le domaine interreligieux, Paul VI noue des contacts avec des responsables d’autres religions comme le chef du bouddhisme tibétain en exil le Dalaï-Lama.

La fermeté dogmatique
Dans deux domaines, il préserve l’héritage de la tradition : celui du célibat des prêtres, et la problématique de la régulation des naissances, avec l’encyclique Humanae vitae (1968), condamnant les méthodes artificielles de contraception et plus généralement la dissociation entre sexualité et fécondité. Il se montre également ferme avec ceux qui, sous prétexte de remettre en cause la nouvelle liturgie, nourrissent une franche hostilité à l’égard de du Concile dont ils remettent en question l’œcuménisme, la liberté religieuse et la collégialité.

L’appel à l’évangélisation
Soucieux d’une évangélisation qui puisse « faire arriver à l’homme moderne le message chrétien dans lequel il peut trouver la réponse à ses interrogations » il rédige l’exhortation apostolique « Evangelii Nuntiandi »(1975) qui annonce déjà le style propre de Jean-Paul II. En 1969 il s’était déjà rendu au Conseil œcuménique des Églises, en Suisse où il avait lancé un appel à l’unité. Il s’éteint à l’âge de 80 ans, le 6 août 1978.

Un témoin de sa foi
Le pape Paul VI aura laissé l’image d’un prélat froid et distant mais dont les amis intimes comme l’académicien Jean Guitton, auront senti « le feu intérieur » qui l’animait. Par rapport à ses proches successeurs, ce pape aura relativement peu écrit laissant avant tout un témoignage de foi. « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres. Ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins » avait-il affirmé peu de temps avant sa mort.

(source KTO)

Mgr Oscar Romero

Assassiné le 24 mars 1980, alors qu’il célébrait la messe, Mgr Oscar Romero, l’archevêque de San Salvador, sera canonisé le 14 octobre 2018.

Un martyr hautement symbolique
L’ancien archevêque de San Salvador a été assassiné le 24 mars 1980 par un groupe d’extrême-droite, parce qu’il dénonçait ouvertement les exactions perpétrés par la Junte militaire. Durant de longues années, Rome a préféré parler d’Oscar Romero comme un grand témoin de la foi. Mais le pape argentin l’a reconnu officiellement comme "martyr" le 3 février 2015, et en mars 2018, le miracle obtenu par son ouvre la voie à sa canonisation. Oscar Romero est donc canonisé en octobre 2018 à Rome, pendant le synode des jeunes.

Au-delà du catholicisme, celui que l’on surnommait la "Voix des sans-voix" est honoré par d’autres Églises chrétiennes, notamment l’Église anglicane. Il est l’un des dix martyrs du XXe siècle à figurer parmi les statues situées au-dessus de la grande porte ouest de l’abbaye de Westminster à Londres.

Un début de magistère conservateur et un revirement spectaculaire
Oscar Romero naît en 1919 dans une famille modeste de sept enfants. Dans le Salvador d’alors, treize familles possèdent 40% des terres, l’Église est persécutée et les assassinats fréquents. A 14 ans, Oscar entre au séminaire contre l’avis de son père. Il rejoint à 20 ans le séminaire national de San Salvador, dirigé par les Jésuites. Il sera ordonné prêtre à Rome en 1942. En 1943, il fuit l’Italie fasciste et rentre au Salvador. En 1966, il devient Secrétaire de la Conférence épiscopale de San Salvador.

Oscar Romero apparaît comme un conservateur, souvent sceptique sur les "avancées" de Vatican II, alors que l’Église latino-américaine connaît une crise sans précédent. En effet, en 1967, les évêques d’Amérique latine, réunis à Medellin (Colombie) pour discuter de la mise en œuvre des réformes de Vatican II, ont décidé que désormais la hiérarchie catholique, rompant avec sa position traditionnelle de défenseur du statu quo, défendra le parti des pauvres. Le clergé est divisé. Aussi, lorsqu’Oscar Romero devient archevêque de San Salvador en février 1977, le partie progressiste du clergé salvadorien redoute son opposition aux engagements vis-à-vis des plus pauvres et voit dans cette nomination comme un coup d’arrêt de la part de Paul VI.

Mais le 12 mars 1977, le jésuite Rutilio Grande est assassiné avec deux de ses compagnons par "un escadron de la mort". Cet assassinat bouleverse profondément l’archevêque de San Salvador qui perd en la personne du Père Grande, un ami de longue date. Plus tard, il dira que la mort de Rutilio Grande l’a converti : "Quand je vis Rutilio, étendu mort, j’ai pensé que s’ils l’avaient tué pour ce qu’il avait réalisé, alors moi aussi je devais avancer sur le même chemin." Il s’engage aussitôt à ne plus assister à un acte officiel tant que justice ne sera pas faite. Mais jamais aucune enquête ne sera menée...

Une foi engagée
À partir de cette date, l’archevêque de San Salvador combat ouvertement la pauvreté, l’injustice sociale, la torture et les assassinats. Lui qui fut un pionnier de l’évangélisation sur les ondes dans sa jeunesse, il utilise désormais la radio pour dénoncer l’injustice sociale et les violences faites aux opposants de la Junte.Parlant au nom de tous ceux qui ne pouvaient s’exprimer, il est rapidement reconnu comme "la Voix des sans-voix".

Mgr Oscar Romero pense que la foi chrétienne comporte une dimension politique, et que la raison d’être de l’Église est de se solidariser avec les pauvres. En 1980, à l’occasion de la réception de son doctorat honoraire de l’Université de Louvain, il n’hésite pas à déclarer : "Le monde des pauvres nous apprend que la libération arrivera non seulement quand les pauvres seront les destinataires privilégiés des attentions des gouvernements et de l’Église, mais bien quand ils seront les acteurs et les protagonistes de leur propre lutte et de leur libération en démaquant ainsi la dernière racine des faux paternalismes, même ceux de l’Église."

L’ennemi à abattre
Les dénonciations, les prises de position contre les crimes et la torture infligés quotidiennement par "les escadrons de la mort" et l’armée salvadorienne, font d’Oscar Romero "un dangereux agitateur". Pourtant l’archevêque ne faiblit pas et le 23 mars 1980,à l’occasion d’un sermon dans la Basilique du Sacré-Coeur de San Salvador,Mgr Romero lance un appel aux soldats : "Un soldat n’est pas obligé d’obéir à un ordre qui va contre la loi de Dieu (...) Il est temps d’obéir à votre conscience (...)" Le lendemain, alors qu’il dit la messe dans la chapelle de la Divine-Providence, une balle l’atteint en plein cœur. Il meurt aussitôt. A l’occasion de ses funérailles, où se pressent prêtres et évêques du monde entier, une bombe éclate suivi de des coups de feu dispensant la foule réunie dans la Basilique. Mgr Romero est aussitôt enterré à la hâte dans le transept droit de la Basilique. Les médias pro-junte dénoncèrent une attaque de groupuscules d’extrême-gauche aussitôt dénoncés par un texte, signé par 22 hauts-représentants du clergé présents aux funérailles, affirmant que la bombe et les coups de fusils provenaient du palais présidentiel.

Une béatification compliquée
La décision de béatifier ce prélat de l’Église latino-américain prit beaucoup de temps car la papauté craignait la récupération politique d’un tel évènement. Pour ses adversaires, et l’extrême-gauche de son pays, Mgr Romero fut sans conteste une figure de la théologie de la libération. Le Vatican, pour sa part, préfère souligner la portée spirituelle de ses homélies, le qualifiant "prophète de l’espérance". Ce n’est qu’en 2007, que le pape Benoît XVI se prononce en faveur de la béatification de ce "grand témoin de la foi".

Le pape François, conscient de l’importance d’une telle béatification dans le continent d’où il est issu,s’est personnellement impliqué dans le procès en béatification d’Oscar Romero. Le 8 janvier 2015, la commission des théologiens de la Congrégation des causes des saints, reconnaissait à l’unanimité que l’archevêque de San Salvador avait bien été tué "en haine de foi", selon la formule définissant le martyre.

(source Croire)

Le Pape, lors de ce consistoire, a par ailleurs confirmé que les autres canonisations auront lieu le même jour que Paul VI et Mgr Romero. Il s’agit de deux prêtres italiens, Francesco Spinelli et Vincenzo Romano et de deux religieuses fondatrices d’ordres, l’Allemande Maria Katharina Kasper et l’Espagnole Nazaire de Sainte-Thérèse-de-Jésus.

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