Les 50 ans de Nostra Aetate

L’Église, le judaïsme et le dialogue interreligieux : la révolution de Nostra Aetate, c’était il y a 50 ans !
Le 28 octobre 2015, nous fêtons le 50ème anniversaire de la Déclaration Nostra Aetate, le texte qui a opéré une révolution dans le regard porté par l’Église sur le judaïsme et les religions non chrétiennes.
Sensible à la prise de conscience suscitée par la Shoah et touché par sa rencontre avec Jules Isaac, le pape Jean XXIII souhaitait, en ouvrant le Concile Vatican II, un texte sur le peuple juif.
Après d’âpres discussions au long des sessions du Concile, la Déclaration Nostra Aetate était adoptée presque à l’unanimité. Et c’est l’ensemble des religions non chrétiennes qui bénéficiaient avec ce texte de l’esprit d’ouverture du Concile qui portait sur elles un regard neuf et positif en partant de l’unité originelle du genre humain.
« L’Église catholique, lit-on dans le premier paragraphe, ne rejette rien de ce qui est vrai et saint dans les religions ». Aujourd’hui encore Nostra Aetate est pour nous le socle et la chance du dialogue avec les religions non chrétiennes, l’islam en particulier.
Mais cette révolution du Concile est d’une portée encore plus grande pour ce qui est dit du peuple juif au paragraphe 4 du texte : « Scrutant le mystère de l’Église, le Concile se souvient du lien qui unit spirituellement le peuple du Nouveau Testament à la descendance d’Abraham ». Sont ainsi soulignées les racines juives de notre foi (Rm 2, 17-24) mais aussi la permanence de la 1ère Alliance et de l’élection, ce qui nous oblige à considérer autrement nos propres Écritures, notre liturgie et notre catéchèse. Depuis Vatican II, l’Église n’a cessé d’approfondir la portée du texte pour notre foi chrétienne et pour la pastorale, en affirmant notamment que « les juifs et le judaïsme ne devaient pas occuper une place marginale dans la catéchèse et la prédication, mais y être intégrés de façon organique » (Note de 1985 pour une correcte application de N.A.).
Dans La Joie de l’Évangile, le pape François rappelle avec force que : « L’Église (…) considère le peuple de l’Alliance et sa foi comme une racine sacrée de sa propre identité chrétienne. En tant que chrétiens nous ne pouvons pas considérer le judaïsme comme une religion étrangère. Le dialogue et l’unité avec les Fils d’Israël font partie de la vie des disciples de Jésus » (Paragraphes 247-249). Pour cela le dialogue avec le judaïsme n’est pas rattaché structurellement au dialogue interreligieux mais au Conseil pour l’unité des chrétiens et les relations avec le judaïsme.
« Nostra Aetate est, disait saint Jean-Paul II, une parole de la sagesse divine ». Faisons en sorte que cette parole porte des fruits de paix dans notre monde.
Anne VIRY
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