Saint Grégoire le Grand

Grégoire Ier, dit le Grand, auteur des Dialogues (né vers 540, mort le 12 mars 604), devient le 64e pape en 590. Docteur de l’Église, il est l’un des quatre Pères de l’Église d’Occident, avec saint Ambroise, saint Augustin et saint Jérôme. Son influence durant le Moyen-Âge fut considérable. C’est en son honneur que, deux siècles après sa mort, le chant messin est appelé « chant grégorien ».
Grégoire est né à Rome vers 540, au moment de la reconquête de l’Italie par Justinien, d’une famille chrétienne et patricienne, de la branche Anicia. Son père, le sénateur Gordien, est administrateur d’un des sept arrondissements de Rome. Deux de ses sœurs sont honorées saintes (Tharsilla et Æmiliane), et il avait parmi ses ancêtres le pape Félix III. Sa mère, Sylvie, est elle aussi honorée sainte.
Il est éduqué dans le climat de renouveau culturel suscité en Italie par la Pragmatica sanctio, et excelle, « selon le témoignage de Grégoire de Tours, dans l’étude de la grammaire, de la dialectique et de la rhétorique ». En 572, il est nommé préfet de la ville, ce qui lui permet de s’initier à l’administration publique, et devient ainsi le premier magistrat de Rome. Il utilise ses aptitudes pour réorganiser le « patrimoine de saint Pierre ». En 574, il souscrit à l’acte par lequel Laurent, évêque de Milan, reconnaît la condamnation des « Trois Chapitres » par le IIe concile de Constantinople de 553.
Vers 574-575, il adopte la vie monastique et transforme en monastère dédié à saint André la demeure familiale située sur le mont Cælius. Il nomme pour abbé le moine Valentien. On ne sait pas si Grégoire assuma personnellement la direction de la communauté. Ayant hérité de grandes richesses à la mort de son père, il fonde aussi six monastères en Sicile. On ne sait pas si Grégoire et ses moines adoptèrent la règle de saint Benoît, mais « on ne saurait cependant douter de l’harmonie fondamentale existant entre l’idéal monastique de Benoît et celle du grand pontife. »
Grégoire est ordonné diacre par le pape Pélage II avant d’être envoyé à Constantinople comme apocrisiaire. Il s’y rend accompagné de quelques frères, et y résidera jusqu’à la fin de 585. C’est à Constantinople qu’il rédigea sa plus importante œuvre exégétique, l’Expositio in Job.
De retour à Rome, Grégoire reprit la vie monastique. Il joua aussi le rôle de secrétaire et conseiller de Pélage II. À ce titre, il rédige l’Épître III de Pélage, où il soutient la légitimité de la condamnation des Trois Chapitres par le concile de Constantinople de 553. Pélage II meurt de la peste le 7 février 590.
Grégoire « est élu pape par l’acclamation unanime du clergé et du peuple ». Il essaie de se dérober, faisant même appel à l’empereur, mais c’est en vain. Il est consacré pape à Saint-Pierre, le 3 septembre 590. Grégoire Ier est le premier Pape à être considéré par l’Orient avec respect, car il est fidèle à l’Empire romain, ne donne pas de sens politique à la primauté romaine et est un auteur prolifique dont les ouvrages sont appréciés par les Orientaux.
Le geste le plus important de Grégoire Ier par rapport à l’évangélisation est l’envoi en mission, en 596, de saint Augustin de Cantorbéry, accompagné de quarante moines du monastère du mont Cælius, afin de restaurer le christianisme en Grande-Bretagne. Augustin devint le premier archevêque de Cantorbéry. Au bout de 60 ans, les Anglo-Saxons étaient non seulement devenus chrétiens, mais ils l’étaient au point de fournir à l’Église des missionnaires dignes de ceux qui les avaient convertis, tel Saint-Boniface qui entreprendra au début du VIIIe siècle l’évangélisation de la Germanie païenne d’au-delà du Rhin.
La conversion de l’Angleterre marque une étape décisive dans l’histoire de la papauté. Fondation directe du Pape, l’Église anglo-saxonne se trouve placée dès le début sous l’obédience immédiate et la direction de Rome. Elle n’a rien d’une Église nationale ; elle est apostolique dans toute la force du terme. Et l’Église d’outre-Rhin, qu’elle va organiser, recevra d’elle le même caractère.
Grégoire Ier meurt le 12 mars 604 et est inhumé au niveau du portique de l’église Saint-Pierre de Rome. Cinquante ans plus tard, ses restes furent transférés sous un autel, qui lui fut dédié, à l’intérieur de la basilique, ce qui officialisa sa sainteté.