Saint Ignace de Loyola

Ignace de Loyola, né en 1491 à Loiola et mort le 31 juillet 1556 à Rome, est un prêtre et théologien basque-espagnol, fondateur et premier Supérieur général de la Compagnie de Jésus, congrégation catholique reconnue par le pape Paul III en 1540 et qui prit une importance considérable dans l’Église catholique romaine aux XVIe et au XVIIe siècles, face à l’ébranlement causé par la réforme protestante.

Auteur des Exercices spirituels, il fut un remarquable directeur de conscience. La spiritualité ignacienne est l’une des principales sources d’introspection religieuse dans le catholicisme. À la tête des jésuites, il devint un ardent promoteur de la réforme tridentine, aussi appelée Contre-Réforme. Il orienta sa congrégation vers l’œuvre missionnaire, en particulier vers les Indes orientales, l’Afrique et les colonies portugaises d’Amérique du Sud.

Dernier né d’une fratrie de treize enfants, Ignace grandit au sein d’une famille de la petite noblesse basque, alliée traditionnelle de la maison de Castille. Il a seulement 7 ans quand sa mère, Marina Sáenz de Licona y Balda, meurt et il noue une relation forte avec son père, don Beltrán Yáñez de Oñaz y Loyola. Il connaît l’éducation du grand siècle espagnol qui éclot en cette fin du XVe siècle.

Orphelin de père à quinze ans, Ignace quitte Loyola et devient page à la cour du roi d’Aragon Ferdinand le Catholique en 1506 puis, devenu gentilhomme adulte, il exerce la fonction de secrétaire au service d’un parent de sa mère, Juan Velázquez de Cuéllar, trésorier général (contador mayor) de la Reine de Castille, Isabelle la Catholique. Il mène pendant dix ans une vie de Cour.

En 1516, la mort de Ferdinand d’Aragon à qui succède Charles Quint entraîne le renvoi de Juan Velázquez et donc l’éloignement d’Ignace. En 1517, Ignace entre dans l’armée du duc de Lara vice-roi de Navarre, récemment rattachée au royaume de Castille (1512). Le 20 mai 1521, alors qu’il a atteint l’âge de trente ans, il participe au siège de Pampelune (Navarre), ville qu’il défend face aux troupes franco-navarraises appuyées par François Ier qui cherche à récupérer la couronne de Navarre au bénéfice de la famille du vicomte de Béarn Henri d’Albret. Submergés par le nombre, les Espagnols veulent se rendre, mais Ignace les exhorte à se battre. Une jambe blessée et l’autre brisée par un boulet de canon il est ramené à son château et « opéré », mais sa jambe droite reste plus courte de plusieurs centimètres, et ce pour le restant de sa vie, l’empêchant définitivement de revenir dans l’armée espagnole.

Durant sa convalescence, faute de trouver les célèbres romans de chevalerie du temps, il lit de nombreux livres religieux comme une Vie de Jésus de Ludolphe le Saxon en quatre volumes ou la Légende dorée de Jacques de Voragine, richement illustrée qui narre les faits et gestes de saints. Dans un mélange de ferveur et d’anxiété, il voit en songe lui apparaître « Notre-Dame avec le Saint Enfant Jésus », il rejette « sa vie passée et spécialement les choses de la chair ».
Il ne songe plus qu’à adopter une vie d’ermite et suivre les préceptes de saint François d’Assise et d’autres grands exemples monastiques. Il se décide à se dévouer entièrement à la conversion des infidèles musulmans en Terre Sainte, avec l’intention de les convertir tous au christianisme. Par ailleurs, Ignace, en signe d’expiation, veut partir en pèlerinage et toute sa vie, il recherchera les sites consacrés à la dévotion chrétienne. Il devint pèlerin dans la tradition médiévale, « el pelegrino », ainsi qu’il titre ses souvenirs dicté à Luis Gonçalves de Camara à la fin de sa vie.

Après son rétablissement, il quitte en février 1522 la maison familiale pour rejoindre Jérusalem. Sur le chemin, arrivé au monastère bénédictin de Montserrat, près de Barcelone, il se confesse à un père d’origine française, le père Chanon, et passe trois jours en prières. Dans la nuit du 24 mars 1522, dans un geste de rupture avec sa vie ancienne de militaire, il accroche ses habits militaires et ses armes devant la statue de la Vierge noire. Vêtu d’un simple tissu, une espèce de soutane en toile, avec une corde en guise de ceinture, l’home del sac (en catalan), veut reprendre la route de Barcelone.

Mais, meurtri par son voyage, ses blessures mal cicatrisées, l’ascèse, et certains diront bloqué par la peste qui sévit à Barcelone, d’autres pour éviter le cortège du nouveau pape Adrien VI qui se rend de Madrid à Rome, il passe plusieurs mois dans une grotte près de la ville de Manresa (Manrèse en français) en Catalogne ou il pratique le plus rigoureux ascétisme.

Il mène jusqu’au début de 1523 une vie d’ermite au cours de laquelle il commence la rédaction de ce qui deviendra les Exercices spirituels. Depuis sa « conversion », Ignace avait pris l’habitude de consigner dans des carnets, les extraits les plus frappants des textes qu’il lisait. Lors de son séjour à Manrèse, il prend l’habitude de consigner ses expériences dans un cahier, une sorte de journal intime qui deviendra l’un des livres clés de la spiritualité ignatienne.

Il prend alors comme « pèlerin de Dieu » la route de la Terre sainte et, le 20 mars 1523, embarque pour l’Italie. Béni à Rome par le pape Adrien VI, il continue son périple jusqu’à Venise, et parvient à Jérusalem, où il ne reste que trois semaines en septembre 1523, avant d’être prié par les frères franciscains de quitter le pays. À nouveau en Italie, traversée par les armées espagnoles et françaises, il se retrouve à Venise et se convainc de l’absolue nécessité d’étudier pour enseigner. Après la méthode religieuse mise au point dans les Exercices, la conviction du rôle des études va être une autre des caractéristiques du futur projet jésuite. Il est de retour à Barcelone en mars 1524.

Il consacre les onze années suivantes aux études, plus d’un tiers de ce qu’il lui restait à vivre. Il reprend des cours de base (grammaire et latin) à Barcelone et, dès 1526, il en sait assez pour suivre les cours de philosophie et de théologie à l’université d’Alcalá de Henares. Foyer intellectuel brillant de la Castille, cette université rassemble tous les alumbrados et conversos qui forment le climat spirituel de cette époque. À la fin de 1527, encouragé par Alonso de Fonseca, archevêque de Tolède, il rejoint la plus prestigieuse de toutes : l’université de Salamanque. Mais les attaques vives qu’il subit en particulier de la part de l’Inquisition et des dominicains le décident à se rendre à Paris en février 1528, ou il vivra durant sept ans.

Ses progrès dans la compréhension des mécanismes de l’enseignement et sa capacité à dominer intellectuellement y compris plus érudit que lui par l’usage du « discernement », le distinguent. Mais sa personnalité rigoureuse et entière et son attitude réformatrice lui créent de nombreux ennemis. À Barcelone, il est battu très sévèrement, et son compagnon tué, sur l’instigation de notables vexés de ne plus être admis dans un couvent qu’Ignace avait récemment réformé5. À Alcalá, un inquisiteur, le grand vicaire Figueroa, le harasse constamment le soupçonnant d’illuminisme, allant jusqu’à l’emprisonner pendant quelques semaines. À Paris, ses épreuves furent variées, pauvreté, maladie, œuvres de charité, discipline du collège, particulièrement sévère dans celui de Montaigu, où il résida, car trop pauvre et ignorant avant de rejoindre celui plus « libéral » du collège Sainte-Barbe, où il fut accusé publiquement par Diogo de Gouveia, recteur du collège, d’enfreindre les règles mais il se défendit vigoureusement et obtint des excuses publiques.

À l’université de Paris, Ignace se retrouve « dans le chaudron de la Renaissance », au cœur de ce que Jean Lacouture appelle la décennie prodigieuse qui débute en 1525 avec la polémique entre Érasme (De libero arbitrio) et Luther (De servo arbitrio), puis la création du collège de France en 1530, la parution du Pantagruel de Rabelais (1532) ou enfin la publication de l’Institution de la religion chrétienne de Calvin (1536). Il est reçu maître ès arts le 13 mars 1533. Pendant ce temps, ayant commencé ses études de théologie, il est licencié en 1534, mais il ne peut être reçu docteur, ses ennuis de santé le conduisant hors de Paris en mars 1535.

En France, Ignace de Loyola regroupe autour de lui des étudiants de qualité issus d’horizons divers, mais tous unis par une commune fascination pour Ignace. Il connut en particulier au collège Sainte-Barbe, ses deux premiers compagnons qui furent le Savoyard Pierre Favre et le Navarrais Francisco Iassu de Azpilcueta y Xavier dit François Xavier ; puis, Diego Lainez et Alonso Salmerón le rallièrent, connaissant sa réputation d’Alcalà ; enfin, Nicolás Bobadilla et Simón Rodríguez de Azevedo, un Portugais.

Ignace évolua progressivement sur l’attitude et la discipline qu’il s’imposait. Prenant en compte les critiques reçues à Alcalà ou Salamanque sur les pratiques d’extrême pauvreté et de mortification, il s’adapta à la vie dans la cité, en dirigeant les efforts de tous vers les études et les exercices spirituels. Le lien devint très fort avec ses compagnons unis dans le grand idéal de vivre en Terre sainte la même vie que le Christ.

Le 15 août 1534, à l’issue de la messe célébrée à Montmartre dans la crypte du martyrium de saint Denis par Pierre Favre, ordonné prêtre trois mois auparavant, les sept prononcent les deux vœux de pauvreté et chasteté et le troisième de se rendre dans les deux ans en pèlerinage à Jérusalem pour y convertir les infidèles, à la fin de leurs études. Unis par le charisme d’Ignace, les nouveaux amis décident de ne plus se séparer. En 1535 et 1536 les sept renouvellent leurs vœux et trois nouveaux compagnons se joignent à eux : Claude Le Jay, Paschase Broët et Jean Codure. Pour joindre Ignace à Venise, ses neuf compagnons se mettent en route en novembre 1536.

Après avoir quitté Paris, il se rend six mois en Espagne puis à Bologne où, incapable de se remettre aux études, il se consacre à des œuvres de charité attendant que ses 9 compagnons rejoignent Venise (6 janvier 1537) sur la route de Jérusalem. Mais la guerre avec les Turcs les empêche de poursuivre. Ils décident de reporter d’un an leur engagement, après quoi ils se mettront à disposition du pape. Ignace de Loyola, comme la plupart de ses compagnons est ordonné prêtre à Venise le 24 juin 1537. Ils partent ensuite dans des villes universitaires voisines, Ignace avec Pierre Favre et Laynez prennent en octobre 1537 la route de Rome. Ignace, en vue de la ville, au lieu-dit la Storta, a une vision de Dieu s’adressant à lui après l’avoir placé aux côtés du Christ : « Je vous serai propice à Rome ».

À Rome, capitale des États pontificaux, Alexandre Farnèse venait en 1534 d’être élu pape, sous le nom de Paul III. Il règne sur une capitale en crise, à peine remise du sac de Rome par les troupes de l’empereur en 1527, en butte à la corruption généralisée et siège d’une église en crise, profondément ébranlée par la fulgurante progression de la Réforme. Paul III semble rapidement voir tout le profit à tirer de cette nouvelle société de prêtres savants, rigoureux, intègres et d’un immense volontarisme réformateur. En novembre 1538, Paul III, après de nombreux contacts avec Lainez, reçoit Ignace et ses compagnons venus faire leur « oblation » au pape. Celui-ci leur ordonne de travailler à Rome qui sera leur Jérusalem. Dès lors, s’ébauche la Compagnie de Jésus ou ordre des jésuites.

De mars à juin 1539, selon les minutes rédigées par Pierre Favre, ils débattent de la forme à donner à leur action, devoir d’obéissance, cohésion du groupe alors que l’activité missionnaire disperse les jésuites, rôle dans l’éducation… En août 1539, Ignace, Codure et Favre rédigent la prima Societatis Jesu instituti summa, esquisse des constitutions de la Compagnie avec quelques points forts : l’obéissance à un Préposé général, l’exaltation de la pauvreté, le refus du cérémonial monastique, et en particulier de la prière collective et des mortifications. Ignace de Loyola soumet, par l’intermédiaire du cardinal Contarini, ce texte à Paul III qui réside l’été à la Rocca Pia à Tivoli et en approuve le contenu le 3 septembre 1539.

Malgré quelques oppositions à la Curie, la création de la Compagnie de Jésus est acceptée par le pape Paul III le 27 septembre 1540, dans sa bulle Regimini militantis ecclesiæ, qui reprend la formula instituti tout en limitant le nombre de profès à soixante. Cette restriction fut rapidement éliminée lors de la promulgation de la bulle Injunctum nobis du 14 mars 1543.

Le 22 avril 1541, Ignace est élu, en dépit de ses réticences, premier supérieur général de la Compagnie de Jésus puis il fit avec ses compagnons, sa profession dans la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs. L’Ordre est dès lors constitué.

En 1542 Ignace fonde la Maison Sainte-Marthe pour accueillir et réinsérer des personnes prostituées. Il doit défendre sa fondation contre les diffamations. Il va de par les rues de Rome pour recruter des candidates sur les lieux de prostitution d’alors. Contrairement aux couvents de repenties, il laisse le choix aux personnes prostituées de se marier.

Ignace fut chargé en 1541 de mettre au point les règles d’organisation de la nouvelle compagnie, les Constitutions, mais il ne commença pas les travaux avant 1547, introduisant progressivement des coutumes, destinées à se transformer à terme en lois. En 1547, Juan de Polanco devint son secrétaire, et avec son aide, il réalisa un premier jet des Constitutions entre 1547 et 1550, tout en sollicitant simultanément l’approbation pontificale de réaliser une nouvelle édition de la Formula Instituti. Le pape Jules III l’accepta dans la bulle Exposcit Debitum, le 21 juillet 1550.

Parallèlement à la Compagnie de Jésus, Ignace fonde à Rome en 1547, la Compagnie du Saint-Sacrement de l’Église des douze Apôtres autour d’un groupe de laïcs.

- La spiritualité ignacienne.

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