Sainte Catherine Labouré

Sœur Catherine, née Zoé Labouré, vient au monde le 2 mai 1806 dans un petit village de Bourgogne, en France, Fain-les-Moutiers. Elle est la huitième des dix enfants de Pierre et Madeleine Labouré, propriétaires fermiers. La mort de Madeleine, à 46 ans, plonge la famille dans le deuil. Catherine, en larmes, monte sur une chaise pour embrasser la statue de la Sainte Vierge et dit : « Maintenant, tu seras ma maman ». En ce triste automne 1815, Zoé et Tonine, sa petite sœur, quittent la ferme natale pour Saint-Rémy, une localité voisine, où une tante les recueille. Catherine se sent doublement orpheline : la mort de sa mère l’éloigne aussi de son père.Deux ans plus tard, Pierre Labouré, embarrassé par le départ de son aînée, Marie-Louise, chez les Filles de la Charité, rappelle les deux fillettes, toutes heureuses de retrouver le toit familial. Catherine fait sa première communion le 25 janvier 1818.

Une grande ferveur l’habite. « Elle n’était plus de la terre, dira Tonine, elle était toute mystique ! ».Une mystique bien réaliste ! Voilà Catherine promue à 12 ans maîtresse de maison. Elle fait face à tout avec calme et compétence : les repas des ouvriers des champs, l’entretien du potager et du verger, le poulailler, le colombier aux 800 pigeons, la traite des vaches, la distribution du fourrage ; chaque semaine elle fait le pain, la lessive, et le marché ! Avec tous, Catherine est gentille et bonne, aimable et douce, elle cherche toujours à mettre la paix. Son caractère sérieux, modeste et grave, est mûri par l’épreuve et les responsabilités. L’objet des ses soins les plus attentifs, c’est Auguste, son petit frère resté infirme après une chute. Et chaque jour Catherine se rend à l’église pour prier, dans la chapelle de la Vierge restaurée par la famille Labouré. Depuis la Révolution, l’église est sans prêtre, le tabernacle est vide.

Patiente dans les obstacles
Catherine ne se contente pas de prier. Elle visite les malades, secourt les pauvres. Elle sent que Dieu l’appelle, mais elle ne sait ni où ni comment. Et voici qu’une nuit, elle fait un rêve mystérieux : un vieux prêtre s’avance dans l’église pour célébrer la messe ; son regard s’arrête plusieurs fois sur la jeune fille qui part ensuite visiter un malade ; quand le même prêtre la retrouve à la sortie, il lui dit : « Ma fille, c’est bien de soigner les malades. Un jour, vous viendrez à moi. Dieu a des desseins sur vous. Ne l’oubliez pas ! ». Catherine se réveille, la joie au cœur. À 18 ans, elle ne sait toujours ni lire ni écrire. Elle obtient de son père d’entrer au pensionnat de Châtillon-sur-Seine dirigé par une cousine. Un jour, se rendant à la maison des Filles de la Charité toute proche, que voit-elle au mur du parloir ? Le portrait du prêtre vu en songe ! « C’est notre Père saint Vincent de Paul », lui explique une sœur. Catherine comprend : elle sera Fille de la Charité. Après un court séjour en pension, où la jeune fermière est mal à l’aise avec des demoiselles plus raffinées qui lui font sentir leur mépris, elle revient à Fain, où elle se remet à la tâche.

Le 2 mai 1827, jour de sa majorité, Catherine déclare à son père sa vocation. Il refuse avec éclat. Il veut la marier mais Catherine refuse les beaux partis. Au printemps 1828, Pierre Labouré, de dépit, exile sa fille à Paris où elle servira dans le restaurant de son frère… Après le refus, le renvoi : double blessure pour Catherine. L’épreuve dure un an. Son père finit par se laisser fléchir. Catherine revient à Châtillon et en janvier 1830 commence son postulat chez les Filles de la Charité. Trois mois plus tard c’est le départ pour le Séminaire de Paris. Le rêve est devenu réalité !

Simple dans les faveurs célestes
Trois jours après son arrivée à la Maison Mère des Filles de la Charité Catherine participe avec les 110 autres novices au transfert solennel du corps de saint Vincent de leur chapelle (140 rue du Bac) à celle des Prêtres de la Mission, (95 rue de Sèvres).

Saint Vincent de Paul
En ce dimanche 25 avril 1830, une grand’messe pontificale est célébrée à Notre-Dame par le Nonce apostolique. Une foule immense entoure l’archevêque et douze évêques devant la châsse d’argent. Une procession solennelle traverse Paris. Quelle joie pour Catherine de faire cortège au prêtre de sa vocation ! Dans la semaine qui suit, Catherine va souvent prier à la chapelle Saint-Vincent et quand elle revient rue du Bac, elle passe se recueillir un instant devant un reliquaire du cœur du Fondateur. Trois jours de suite, le cœur de saint Vincent lui apparaît comme une image : d’abord blanc, signe de paix et d’union ; puis rouge, feu de la charité qui doit embraser les cœurs dans les deux congrégations, enfin noir, présage des malheurs imminents qui vont fondre sur la France. Catherine reçoit la promesse que les deux familles ne périront pas. Elle confie ces visions au Père Aladel, lazariste. Il est sceptique, mais quand surviennent les journées révolutionnaires de juillet avec leur cortège de violences, il est un peu ébranlé… Catherine voit aussi, pendant tout le temps de son Séminaire, le Christ présent dans l’hostie, « sauf quand je doutais » dit-elle. Le 6 juin, jour de la Sainte Trinité, la vision vire au noir, « Notre Seigneur m’apparut comme un Roi, avec la Croix sur sa poitrine… Subitement tout a coulé à terre ». Catherine se confie encore au Père Aladel. Pas d’écho. Catherine a vu M. Vincent, elle a vu Notre Seigneur…mais elle n’a pas vu la Sainte Vierge. Son désir va être comblé. Trois apparitions vont se succéder : le soir du 18 juillet, le 27 novembre et un jour de décembre 1830.

Charitable dans le service
Le 30 janvier 1831 le séminaire s’achève. Catherine est nommée dans la communauté de l’Hospice d’Enghien, dans la commune de Reuilly, faubourg déshérité du sud-est de Paris. Sœur Catherine est affectée à la cuisine où elle retrouve vite les tours de main de la ferme et du restaurant ! Son seul tourment : elle aime donner largement, mais la sœur qui est cuisinière en titre est parcimonieuse. Sa patience est mise à rude épreuve. Deux ans après c’est la lingerie : lessive, repassage, raccommodage. Puis, c’est le service des vieillards. Elle les aime et elle en est aimée. Solide et ferme, elle sait se faire respecter. Elle est bonne même avec les plus désagréables, elle se prive de sommeil pour les assister dans leur agonie et tous ceux qu’elle veille trouvent la paix. Elle est aussi à la loge, où elle accueille les pauvres qu’elle aime tant.

Le 3 mai 1835, Catherine fait ses vœux. Mais ce beau jour est voilé d’une ombre, car sa sœur aînée Marie Louise a quitté la Compagnie des Filles de la Charité, brisée par l’injustice d’une calomnie. Catherine est aussi attentive aux domestiques. Elle rend visite à une petite lingère de 20 ans tombée malade à son arrivée, et lui apporte un édredon, de l’élixir. Enfin, elle est un havre pour les Sœurs nouvelles venues, donnant avec cœur aux débutantes des conseils pleins d’expérience profonde et pratique. Elle est pour elles une référence, et un recours toujours disponible. Présente sur tous les fronts, Catherine ne ménage pas ses forces. Pourtant on fait peu de cas de sa personne, on la tient pour quantité négligeable. On la traite même de sotte… Mais sa fidélité est totale, elle défend l’autorité de sa supérieure, même quand elle est traitée sévèrement.

Humble dans la mission
Catherine protège son secret avec efficacité. C’est sans rien laisser paraître, qu’en 1832, elle reçoit la médaille dans sa communauté. Comblée au-delà de toute attente par les miracles qui accompagnent les premières distributions, elle n’est pas grisée par le succès dont elle est l’instrument. Si elle réussit à déjouer la curiosité, elle sait cependant défendre l’authenticité des apparitions. Entendant dire : « Cette sœur qui prétend avoir vu la Sainte Vierge n’a sans doute vu qu’un tableau », Catherine répond d’une voix ferme : « Ma chère, la Sœur qui a vu la Sainte Vierge l’a vue en chair et en os, comme vous et moi ! ». Catherine reste présente à sa famille, dont elle porte les soucis et les joies. Quand son père meurt dans la solitude, en 1844, elle a le cœur meurtri ; mais quelle joie quand Marie Louise est réintégrée en 1845 chez les Filles de la Charité ! Elle soutient Tonine pour qui les catastrophes se succèdent, convertit son beau-frère mourant, assiste ses frères à leur mort, se réjouit de voir sa nièce reçue aux Enfants de Marie, et son neveu Philippe ordonné prêtre chez les Lazaristes !

En 1848, une vision s’impose soudain à Catherine : il faut dresser une croix monumentale dans Paris ; elle sera en grande vénération, on y viendra de toute la France et des pays les plus éloignés, par dévotion, en pèlerinage, et par curiosité. Catherine soumet sa vision au P. Aladel. Sans succès. Elle se sent pressée de tout mettre par écrit et termine sa lettre en se disant « toute dévouée au Sacré-Cœur de Jésus et de Marie ». Catherine n’est pas satisfaite. L’apparition n’est toujours pas commémorée et manquent encore dans la chapelle l’autel et la statue de la Vierge au Globe. « C’est le martyre de ma vie » a-t-elle dit.

Confiante dans la tourmente
Pendant les journées révolutionnaires de juin 1848, la bataille est acharnée et meurtrière. L’est de Paris se couvre de barricades. Les représailles sont atroces. L’hospice de Reuilly soigne les blessés des deux camps. En 1870, dans le désastre de la guerre contre la Prusse, Paris est assiégé. Catherine manifeste un calme total. On attache la médaille aux portes et aux fenêtres de la maison, transformée en hôpital. La pénurie devient famine : on réserve les « douceurs » aux malades et aux blessés, les Sœurs sont réduites à la portion congrue, certains jours un morceau de pain noir après un travail harassant. La guerre civile menace. Catherine est sombre : « Mon Dieu, que de sang, que de ruines ! » mais elle reste confiante : « La Vierge veillera, elle gardera tout. Il ne nous arrivera aucun mal. » L’insurrection gagne tout Paris. Les cadavres s’alignent sur les trottoirs, mais parmi les sœurs pas de victimes… Au printemps 1876, Catherine sent venir la fin prochaine. Elle en parle avec calme : « Je m’en vais au ciel » dit-elle. Fin décembre, elle demande l’onction des malades, qu’elle reçoit en toute lucidité. « N’avez-vous pas peur de mourir ? » lui demande-t-on. Catherine s’étonne : « Pourquoi craindre d’aller voir Notre Seigneur, sa Mère et saint Vincent ? »

Le 31 décembre, Catherine reçoit la communion. Autour de son lit, on récite les prières des agonisants, on répète l’invocation de la médaille. Son dernier soupir est si doux qu’on l’entend à peine. On finissait les litanies de l’Immaculée Conception… Dès le matin du 1er janvier, la rumeur suscite un défilé. Catherine attire « comme une sainte ». Ses membres restent souples. Ses funérailles ont lieu le 3 janvier, en la fête de sainte Geneviève, chère à M. Vincent.

Dans les jours qui suivent sa mort, le 31 décembre 1876, la foule se presse devant le cercueil de sœur Catherine. Une pauvre femme amène, dans une caisse montée sur roulettes, son fils de douze ans, infirme de naissance, qu’elle veut descendre dans le caveau ; et voici que l’enfant se relève sur ses jambes ! Le premier miracle de sainte Catherine est pour les pauvres…

source : http://www.chapellenotredamedelamedaillemiraculeuse.com/histoire-dune-famille/catherine-laboure

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