Sainte Geneviève

Sainte Geneviève a vécu au Vème siècle en Gaule. Nous connaissons sa vie grâce au manuscrit de sa « vita ». Le récit de sa vie aurait été rédigé 18 ans après sa mort à la demande de sainte Clotilde, épouse de Clovis. Le texte daterait, par conséquent, des années 520 à 530.

Sainte Geneviève est née en 421 à Nanterre où déjà une église avait été construite au siècle précédent sous l’empereur Constantin.

En ce temps-là : L’empire Romain, devenu chrétien sous le règne de Constantin, vit ses dernières années sous la pression des invasions barbares. Les barbares, d’abord contenus militairement, intègrent progressivement l’administration romaine par des mariages et des traités (foedus). Des engagements respectifs les lient à l’empire romain, mais ils les trahissent souvent et s’affranchissent de la tutelle romaine cherchant à exercer le pouvoir pour leur propre compte. Ces populations venues des lointaines contrées de l’est se divisent en Ostrogoths (capitale Lyon) et en Wisigoths (capitale Toulouse) et isolent l’administration gallo-romaine qui gouverne Lutèce du pouvoir impérial de Rome.

Pour l’Église : c’est l’époque des grandes hérésies (arianisme et pélagianisme) auxquels les barbares adhèrent souvent comme une forme de résistance à l’Empire Romain chrétien. Ils cherchent ainsi à briser l’unité de l’empire en encourageant des idées contraires à la foi de l’Eglise adoptée par les empereurs.

Geneviève appartenait à une famille de l’aristocratie gallo-romaine.
Son père Séverus était un franc romanisé. Général de l’armée romaine, il exerça à sa retraite une charge de magistrat de la ville de Lutèce (Paris). Riche et puissant il exploitait également une vaste propriété concédée par l’Empire. Sa mère Gérontia aurait eu elle-même un père militaire qui aurait servi en Bretagne (Grande-Bretagne)

La vocation de sainte Geneviève
Geneviève fut remarquée très jeune par l’évêque St Germain d’Auxerre. Celui-ci se rendait en Grande-Bretagne avec l’évêque Loup de Troyes et toute une délégation de prêtres pour lutter contre le pélagianisme (une hérésie qui minimisait le rôle de la grâce de Dieu au profit du mérite de la personne). Au cours de sa halte à Nanterre, il discerna de façon précoce les dons de Geneviève et lui proposa la vie consacrée. Geneviève dont c’était le désir profond accepta et saint Germain en mémoire de son engagement lui donna pour pendentif une pièce de monnaie percée et marquée de
la croix.

Cet engagement ne fut pas sans problème car mal accueilli par sa mère dont Geneviève était la fille unique. Un jour, Gérontia, qui se préparait à aller à l’église, interdit à sa fille de l’accompagner. Geneviève se mit à crier et à pleurer : « je veux garder la promesse du vénérable Germain. Je veux aller à l’église. Je veux mériter d’être une bonne épouse du Christ. » Agacée, sa mère la gifla. Aussitôt elle perdit la vue. Geneviève prit soin de sa mère pendant vingt-et-un mois priant pour sa guérison. Gérontia se souvenant alors des paroles de Geneviève, lui demanda de lui porter de l’eau du puits. Geneviève attristée par le sort de sa mère se mit à pleurer. Elle puisa l’eau, la bénit et la porta à sa mère. Celle-ci s’en humecta les yeux et recouvra la vue. Avait-t-elle accepté la vocation de sa fille ? Ce fut le premier miracle de sainte Geneviève.

Geneviève devait avoir une vingtaine d’années lorsque l’évêque Villicus l’admit finalement parmi les vierges consacrées à Dieu. Au cours de la messe elle reçut le voile. Dès lors elle mena une existence de prière et de pénitence.
Alors qu’elle avait environ 25 ans ses parents moururent. Geneviève partit habiter Paris chez sa « mère spirituelle » (peut-être sa marraine). Elle succéda à son père dans sa charge de magistrat de la ville. Elle fut une femme politique avisée et prit peu à peu en main les destinées de la cité. Elle s’imposa aussi comme une femme d’affaires, propriétaire de riches terres près de Meaux et dans la Brie héritées de son père. Elle fit toujours bénéficier les Parisiens les plus pauvres de ses ressources comme on le verra plus loin. Alors qu’elle était riche et puissante, elle menait une vie de pauvreté et de prière, entourée d’autres jeunes filles qui l’assistaient dans ses responsabilités. Sa rigueur morale et son pouvoir attirèrent quelques jalousies et médisances… au point que saint Germain qui passait de nouveau dans la ville, ayant entendu des bruits défavorables sur sa protégée, dut prendre sa défense auprès des Parisiens.

Geneviève protège Paris
Au printemps 451, un grave danger menace Paris. Les Huns d’Attila ont franchi le Rhin. Les Huns avaient d’abord été des alliés de l’empire contre les Barbares. Quand Attila devint leur chef, il se retourna alors contre ses anciens alliés et attaqua l’empire d’occident en commençant par la Gaule. Les Huns détruisirent Cologne, faisant un carnage. Ils incendièrent Metz, Verdun, Laon, Saint-Quentin, Reims et ils avaient finalement franchit la Marne.
Le bruit courait que Paris serait l’étape suivante. Les Parisiens voulaient fuir. Geneviève le leur déconseilla. Elle pensait qu’Attila contournerait la ville. En fuyant les parisiens risquaient de lui livrer la ville et de se faire tuer en rase campagne. Malgré leur hostilité, soutenue par un archidiacre de saint Germain, Geneviève réunit quelques femmes pour prier le Seigneur de protéger la ville. « Que les hommes fuient, s’ils veulent, s’ils ne sont plus capables de se battre. Nous les femmes, nous prierons Dieu tant et tant qu’Il entendra nos supplications », dit-elle.

La population demeura. Paris conformément à la clairvoyance de Geneviève ne fut pas sur l’itinéraire d’Attila. Celui-ci mit le siège devant Orléans. Mais face à la menace d’Attila, par un renversement d’alliance, les barbares unirent leurs forces à celles de Rome. Grâce à la jonction des armées romaines venues du sud-est avec celles des wisigoths du sudouest, et grâce à l’intervention de Childéric, roi francs (peut-être à la demande de Geneviève) Attila ne remporta pas la victoire. « L’Église faisait reculer Attila par la force de ses prières » (1) et par la puissance de ses saints (saint Loup qui en imposa tant à Attila que celui-ci n’osa pas mettre à sac la ville de Troyes, saint Aignan, âme de la résistance à Orléans, et sainte Geneviève priant pour Paris.

Sainte Geneviève fait ériger la Basilique Saint-Denis.
Geneviève cherchait par tous les moyens à résister aux hérésies ariennes des wisigoths et des ostrogoths qui menaçaient la foi chrétienne. (Les ariens ne croyaient pas que le Christ est Dieu, Fils de Dieu fait homme. Selon eux le Christ était seulement le premier parmi les hommes. L’arianisme avait été condamné en 325 par le Concile de Nicée.) Geneviève cherchait donc à favoriser le culte de saint Denis, évangélisateur et premier évêque de Lutèce, et à encourager les pèlerinages sur sa tombe. Elle commença par persuader le clergé d’entreprendre la construction d’une basilique. Par la foi et la prière elle obtint les moyens matériels, surmontant les obstacles et accomplissant des miracles. La basilique modeste, vit le jour et devint très vite un lieu de paix et de guérison. Sainte Geneviève y allait souvent en pèlerinage. Une nuit, alors qu’elle s’y rendait avec ses compagnes, la pluie et le vent éteignirent le cierge qui précédait la procession, les laissant perdues dans l’obscurité. Geneviève demanda qu’on lui donne le cierge éteint. Aussitôt qu’elle le toucha il se ralluma seul, signe de la force de sa foi face aux épreuves et aux combats de la vie.

Sainte Geneviève et les francs
Au milieu du V° siècle la province du nord des Gaules est aux mains de Childéric et de ses francs. Childéric y exerçait le pouvoir délégué par l’empire romain. Dans la pratique il était le seul maître. Geneviève entretenait des relations avec Childéric, puis avec son fils Clovis qu’elle jugeait plus favorable que les wisigoths aux gallo-romains. Elle cherchait à éviter le conflit avec les francs, prônant l’unité de tous les gallo-romains. Toutefois, quand la vie de prisonniers de Lutèce (probablement coupables d’entente avec les Wisigoths) fut en jeu, un miracle lui permit de sortir de la ville pour rejoindre le lieu d’exécution. Elle demanda avec audace à Childéric la grâce des prisonniers. Par respect pour Geneviève il revint sur sa décision et les prisonniers furent sauvés.
Childéric voulait en finir avec le pouvoir romain à Lutèce. Il cherchait à se débarrasser de son représentant mais ne souhaitait pas pour autant entrer ouvertement en guerre contre lui. Il organisa un blocus pour provoquer la famine dans la ville. Ste Geneviève ne voulait se brouiller avec aucun des belligérants. Elle décida donc seule d’aller chercher du blé sur ses terres pour ses concitoyens. Ayant décidé d’utiliser les transports fluviaux, plus sûrs et moins couteux, elle réquisitionna 11 bateaux. Childéric ne les arrêta pas, preuve de ses bonnes relations avec Geneviève.

Les difficultés ne manquèrent pas pour autant : un arbre obstruait totalement le cours d’eau. Elle demanda à ce qu’on le coupe en deux. Surgirent alors deux serpents hideux qui disparurent aussitôt. Etaient-ils une figure de la guerre civile contre laquelle elle luttait usant de son ascendant sur les francs et de ses qualités de diplomate ? Tout en conservant les faveurs de Childéric, Geneviève réussit à secourir les partisans de Rome. Au cours de son voyage elle accomplit guérisons et miracles. Les bateaux chargés de blés affrontèrent encore bien des obstacles, mais jamais la foi et le courage de sainte Geneviève ne faiblirent.

Sainte Geneviève prend soin des plus pauvres et des malades
À son arrivée à Paris, Geneviève fit distribuer du pain aux pauvres qui n’avaient pas les moyens de moudre ou de cuir. Nourrir les plus pauvres faisait partie de sa charge municipale, mais elle le fit sans attendre les heures de distribution et à ses propres frais. Son engagement politique était inséparable de son engagement religieux. Tout au long de sa vie Geneviève accomplit des miracles de guérison au profit de personnes seules ou de groupes de malades. Des aveugles recouvrent la vue, des paralysés se relèvent, des démons sont expulsés, un enfant aveugle sourd muet et boiteux retrouve la santé et un petit garçon de 4 ans est ressuscité après avoir été couvert du manteau de Ste Geneviève… En disciple de Jésus, Geneviève pour guérir prie, impose les mains, se sert de l’eau et de l’huile. Elle marque les malades du signe de la croix. Toutes les guérisons qu’elle obtient sont référées à Jésus. Ces miracles expriment sa foi en la toute-puissance d’amour du Seigneur dont elle recevait la force agissante.

Mort et postérité de sainte Geneviève
La « Vita » dit très peu de la fin de sainte Geneviève. « Ayant dans sa bonne vieillesse amplement dépassé huit fois dix années, ayant achevé avec le Seigneur son pèlerinage en son corps dans le siècle elle fut enterrée en paix le troisième jour des nones de janvier. » La piété populaire célébra très vite sa sainteté. Une première chapelle de bois fut érigée sur son lieu de sépulture qui était devenu un lieu de pèlerinage. Puis Clovis décida de la remplacer par une vaste basilique qui fut achevée après sa mort par la reine Clothilde.

Des guérisons sur son tombeau ou lors du déplacement de ses reliques furent très vite attestées. Durant l’été 886 alors que Paris était assiégé par les Normands les habitants se souvenant des miracles accomplis organisèrent une procession autour de la châsse. Cette pratique fut renouvelée à chaque grand péril. En 1130 une épidémie des Ardents fit 14000 morts dans Paris. La chasse de Sainte Geneviève fut amenée à Notre Dame où 100 malades furent rassemblés et sauvés. De nouveau la coutume s’installa d’invoquer Sainte Geneviève contre toute sorte de maladie.
Les processions se firent régulières, témoignant de la confiance et de la reconnaissance des Parisiens dans l’oeuvre de leur sainte protectrice. Par-delà la mort sainte Geneviève fidèle à sa vocation en Dieu poursuivait ses oeuvres de miséricordes.

(D’après une « Petite vie de sainte Geneviève » par Mgr Yvon Aybram, DDB, Paris, 2013)

(1) L’Église au temps des Barbares, Fayard, Paris,1950, p.120-121

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