Sainte Jeanne-Françoise de Chantal

Jeanne-Françoise Frémyot était la fille du président du Parlement de Bourgogne. C’était un catholique intransigeant en cette époque des Guerres de Religion. À 20 ans, elle épousa le baron de Chantal qu’elle aima d’un grand amour. Épouse accomplie, pieuse à ses heures, elle était une mère parfaite, mais eut la douleur de perdre en bas âge deux de ses six enfants.

En 1601, Christophe de Rabutin de Chantal mourut, victime d’un accident de chasse. La jeune veuve, après une période de deuil marquée par la rancœur et le désespoir, se sentant appelée par Dieu, se mit à la recherche d’un guide spirituel. Entre-temps, elle avait cherché refuge auprès de son beau-père, lequel vivait en concubinage avec une de ses servantes qui traita assez mal la jeune veuve. Jeanne subit toutes ses avanies avec patience et douceur. Elle fit vœu, quoique jeune encore, de ne point se marier, et, après avoir établi ses enfants, elle se consacra tout entière à des œuvres de charité.

En 1604 elle rencontra un prélat du Duché de Savoie, François de Sales, évêque de Genève en résidence à Annecy (Genève étant la Rome des réformés), venu à Dijon pour prêcher le carême : elle s’ouvrit à lui et il accepta de la diriger.

En 1610, libérée de ses obligations familiales, elle rejoint François de Sales dans son diocèse et sous sa direction spirituelle fonde une nouvelle congrégation, l’ordre de la Visitation dans la résidence annécienne de la Galerie, possession de François Viollon de la Pesse, dans le duché de Savoie.

Déjà en 1615, un premier couvent fut fondé en France, à Lyon. L’année suivante vit la fondation du couvent de Moulins (1616).

À partir de 1618, l’ordre devint un ordre cloîtré par décision du pape Urbain VIII et avec l’assentiment de François de Sales.

Après une grave maladie due à la perte de son gendre, de sa fille et de leur enfant mort-né, Jeanne fut appelée à fonder de nouveaux monastères en France, à Grenoble (1618), Bourges dont son frère était évêque (1618), Paris (1619) où les oppositions et les calomnies ne manquèrent pas. Dans la capitale française, elle rencontra la supérieure de Port-Royal, Angélique Arnauld, qui s’était également mise sous la direction de François de Sales et voulut un temps devenir une fille de la Visitation, avant de devenir une janséniste forcenée bien éloignée de la douceur du saint évêque de Genève.

Après la mort de François de Sales en 1622, elle s’occupa seule des treize monastères de l’ordre et poursuivit l’œuvre de son « directeur », dont elle hâta le procès en canonisation. Bien qu’ayant atteint l’âge respectable de 50 ans, elle fonda 74 couvents en 19 ans, ce qui ne fut pas forcément une sinécure, parlements et familles s’y opposant - parfois avec véhémence.

Les années suivantes conduisirent la « mère de Chantal » dans le duché de Bar, à Pont-à-Mousson où fut fondé, pour une fois sans contrariété, un couvent, sous l’égide d’une dame noble veuve, madame de Génicourt, comtesse douairière de Haraucourt, qui fit venir sa supérieure à la cour de Lorraine dans son propre carrosse (Jeanne, bien qu’entrant dans la vieillesse, ne voyageait qu’à cheval). Elle y resta quatre mois, reçue certes par le duc Charles IV et son épouse la « pauvre duchesse » Nicole mais surtout par le père Pierre Fourier, curé de Mattaincourt dont la sainteté était déjà reconnue et à qui elle confia la nouvelle fondation (1626).

En Bretagne, Rennes eut son couvent en 1628 et Nantes en 1630. La même année, malgré de nombreux retards, c’est Besançon en Franche-Comté alors espagnole et membre du Saint-Empire romain germanique, qui s’ouvre à l’ordre. Gray et Champlitte suivent. En 1632, retour sur les confins Lorrains et Évêchois avec Nancy (duché de Lorraine) et l’année suivante Metz, (Trois-Évêchés). La même année Poitiers et Tours entrent dans la famille visitandine (1633). Angers suit trois ans plus tard.

En 1638, l’ordre de la Visitation franchit les Alpes et un couvent s’ouvre à Turin, capitale du duché de Savoie sous l’égide de la régente Christine, sœur de Louis XIII.

Bientôt, Lyon a trois Visitations, Paris, deux. Les demandes affluent d’autres pays (Suisse, Saint-Empire, Pologne) et même de Québec.

« Nous nous multiplions trop, je ne cesse de le dire, mais on ne me croit pas. Que cette multitude de maisons qu’on n’a pas moyen de soutenir, tant au spirituel qu’au temporel, me fait grand peine. » se plaignait la fondatrice.

Cet ordre, consacré d’abord à la visite et aux soins des malades, puis à la contemplation comportait en 1641, au décès de Jeanne de Chantal, après trente et une année d’existence, 87 monastères dans toute l’Europe. Aujourd’hui il regroupe 3 500 visitandines dans 135 couvents répartis à travers le monde.

Après la mort de François de Sales, Jeanne de Chantal chercha conseil auprès de Vincent de Paul mais aussi, en 1640, de Saint-Cyran qui se compromettra avec le jansénisme.

La fondatrice de l’ordre de la Visitation mourut en 1641, à l’âge de 69 ans, quelques jours après son retour, d’un fatigant voyage en litière, de Moulins à Saint-Germain-en-Laye, où elle avait été appelée pour s’entretenir avec la reine de France Anne d’Autriche.

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