Vénérable père Jacques Sevin

Le père Jacques Sevin est un jésuite né à Lille le 7 décembre 1882 qui, dès le 20 septembre 1913, rencontre Baden-Powell en Angleterre afin d’évaluer l’efficacité de sa méthode. Il l’expérimente lui-même comme scoutmestre, fondateur et aumônier de troupes en Angleterre, en Belgique et en France et écrit « Le scoutisme, étude documentaire et application ». Le 25 juillet 1920, les associations catholiques se fédèrent au sein de la Fédération Nationale Catholique « Les Scouts de France » autour, notamment, de deux personnalités : le chanoine Cornette et le père Sevin.

Jacques Sevin est né dans la maison de ses grands-parents maternels, au 136, rue Colbert à Lille. Il est baptisé le lendemain en la paroisse Notre-Dame-de-Consolation, qui fut celle de Vauban. Toute sa jeune enfance se déroule entre Tourcoing, où il est élève à l’Institution libre du Sacré-Cœur, et Dunkerque.

Il devient pensionnaire en sixième au Collège de la Providence, à Amiens. Le père Duvocelle, son professeur, avait des méthodes pédagogiques originales : en effet, la classe était divisée en deux camps, deux frégates : l’Alerte et la Joyeuse, et aux murs resplendissaient les armoiries d’un ordre de chevalerie dans lequel on pouvait devenir successivement chevalier, baron, comte, marquis ou duc, et grand maître de l’ordre Il tirera un enthousiasme certain pour la marine et la chevalerie, qu’il utilisera par la suite dans le scoutisme.

Très tôt, Jacques Sevin songe à faire de sa vie quelque chose de grand : « ah ! que de fois, adolescent, j’ai fait ce rêve : être une âme héroïque et forte, qui se lève… » À l’âge de 13 ans, ce rêve devient une certitude : « en 1895, le 30 juin, au cours d’une promenade de collège, je pris conscience de ma future vocation sacerdotale, que je n’envisageais pas autrement que religieuse. »

Après son baccalauréat en 1900, il commence une licence d’anglais à l’Université catholique de Lille. Le 3 septembre 1900, il entre au noviciat de Saint-Acheul, ses parents ayant répondu oui à la lettre par laquelle il leur demandait de rester sans revenir faire d’adieux. À la suite de l’expulsion des jésuites hors de France, il continue son noviciat à Arlon, dans le Luxembourg belge, à partir de septembre 1901. En 1902, il prononce ses vœux perpétuels de jésuite et poursuit ses études au juvénat.

Pendant ce temps en Angleterre, le scoutisme se développe, le camp expérimental de Baden-Powell sur l’île de Brownsea a eu lieu en 1907. En 1913, à la suite de deux articles défavorables au scoutisme en France, Jacques Sevin obtient la permission d’aller en Angleterre pour voir « ce qu’il en est ». Le 20 septembre 1913, au Rallye du District Nord de Londres à l’Alexandra Palace, il rencontre pour la première fois Baden-Powell. C’est ce jour là qu’il forme la résolution de fonder les scouts catholiques en France. La Première Guerre mondiale éclate, le Père Sevin n’est pas mobilisable, ayant été exempté du service militaire en 1902. Il reste en Belgique pendant la guerre. En 1916, il est nommé professeur de première au collège du Tuquet à Mouscron, ville belge à la frontière française.

Huit jours après son arrivée à Mouscron, les Allemands ferment le collège où il enseignait pour le transformer en hôpital militaire. Le père Sevin va alors devoir se trouver une nouvelle occupation et c’est tout naturellement qu’il va songer à s’occuper de scoutisme.

Entre 1917 et 1919, il rédige son maître livre Le Scoutisme, étude documentaire et applications et surtout, il fonde la première troupe scoute catholique à Mouscron (1917). Lentement mais sûrement, il fait comprendre et accepter que la pédagogie scoute, fort décriée dans les milieux ecclésiastiques de l’époque, correspondait en profondeur à une vision chrétienne de l’homme. Par la fondation de l’Association des Scouts de France en juillet 1920, il fédère les expériences de scoutisme catholique qui existent en France depuis 1911 et se fait l’artisan d’une alliance entre le scoutisme de Baden-Powell et l’Évangile. Il commence la publication du bulletin mensuel Le Chef en 1921.

« La rencontre entre la méthode scoute et les intuitions du père Sevin, a permis d’élaborer une pédagogie basée sur les valeurs évangéliques, où chaque jeune est conduit à s’épanouir et à développer sa personnalité en faisant fructifier les talents qu’il porte en lui. »

Il adapte une prière attribuée à saint Ignace de Loyola, devenue la « prière scoute » (mise en musique par Gaston Schindler).

À côté d’Édouard de Macedo et du père Paul Doncoeur son rôle dans le développement du scoutisme catholique en France est capital.

Le père Sevin portait en lui un autre projet qui vit le jour en 1944 : la fondation d’une congrégation religieuse contemplative et missionnaire, la Sainte-Croix-de-Jérusalem, dont la spiritualité propre a trouvé ses sources principales chez saint Ignace, les deux saintes du Carmel et le scoutisme, et qui est tout particulièrement engagée dans l’éducation des jeunes.

Outre le Prieuré général de Boran-sur-Oise, ces religieuses ont des maisons dans l’Oise, à Lyon, en Terre sainte (depuis 1984), au Chili (depuis octobre 1997) et au Tchad (depuis janvier 1955).

Leur action éducative à La Maison française est particulièrement porteuse de sens. Fondée en 1948, elle a pour vocation de donner « une éducation dans une atmosphère familiale pour amener chaque jeune à se forger lui-même une personnalité chrétienne, à devenir une personne de caractère capable de prendre dans sa profession, dans la cité et dans la vie sociale, les responsabilités que requiert le monde d’aujourd’hui… » (Jacques Sevin).

Le père Jacques Sevin s’est éteint le 19 Juillet 1951 après la messe. Il tenait son Crucifix en disant : « LUI, c’est mon Compagnon ! » Il repose à Boran-Sur-Oise. Il a été déclaré Vénérable le 10 mai 2012.

Par ses livres, ses articles dans les revues de chefs, les paroles de nombreuses chansons, le père Sevin fait apparaître la spiritualité catholique au sein de la méthode scoute. Il met l’accent sur la Bonne Action (B.A.) de Baden-Powell dans le sens du service chrétien. Il développe la dimension ecclésiale du scoutisme catholique. La patrouille devient une équipe de frères scouts dont le sens est donné par le Christ car, pour le père Sevin, le scout est un chrétien dont le souci est de faire grandir le Christ autour de lui. Le don de soi, vertu scoute éminemment chrétienne encouragée par Baden-Powell intègre pleinement la spiritualité catholique qu’il insuffle au mouvement. « Le scout est une âme en marche vers la perfection » disait-il.

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