Le célibat sacerdotal et le mariage des prêtres

Vie spirituelle des prêtres
On sait que les prêtres qui appartiennent à une congrégation religieuse sont soutenus dans leur vie spirituelle par les règles de leur ordre. Mais on se pose parfois des questions sur la vie spirituelle des prêtres diocésains qui n’ont pas les même soutiens que les religieux.
1. Vie spirituelle des prêtres qui font partie d’une congrégation religieuse
Ils ont une vie spirituelle généralement plus communautaire. Ils vivent selon les règles de l’ordre qu’ils ont choisi (bénédictin, dominicain, franciscain… ). On dit qu’ils font partie du « Clergé régulier » par contraste avec les prêtres qui font parti d’un diocèse et qu’on appelle « Clergé séculier » ou « Clergé diocésain ». Selon les congrégations, ils récitent ensemble la totalité ou seulement une partie de l’office liturgique (la prière des heures). Leurs vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance constituent un aspect important de leur spiritualité.
2. En quoi consiste la vie spirituelle des prêtres diocésains ?
La vie spirituelle des prêtres est centrée sur leur responsabilité pastorale. C’est au cœur de leur ministère apostolique que les prêtres vivent leur propre chemin spirituel. L’exercice de leur fonction sacerdotale constitue pour les prêtres le lieu de leur vie spirituelle et le moyen de leur sanctification. L’annonce de la Parole de Dieu, la célébration de la messe et la charité du pasteur sont sources de leur vie spirituelle. Ils se nourrissent de la Bible et de l’eucharistie et c’est en exerçant leur ministère, qu’ils s’enracinent dans la vie spirituelle.
L’Église leur demande : « Il est donc nécessaire que le prêtre organise sa vie de prière pour que n’y manque jamais : la célébration eucharistique quotidienne unie à une préparation et une action de grâces adéquates ; la confession fréquente et la direction spirituelle déjà pratiquée au séminaire ; et souvent auparavant la célébration complète et fervente de la Liturgie des Heures, à laquelle il est quotidiennement tenu ; l’examen de conscience ; l’oraison mentale proprement dite ; la lectio divina ; des moments prolongés de silence et de colloque divin, principalement durant les exercices spirituels et les récollections périodiques ; les expressions précieuses de la dévotion mariale comme le chapelet ; le chemin de Croix et les autres exercices de piété ; la fructueuse lecture hagiographique etc. » (Directoire ministère et vie des prêtres, n. 94).
3. Les prêtres diocésains font-ils des vœux religieux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance ?
Ils ne font pas de vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance, mais ils s’engagent au célibat et à obéir à leur évêque. Faire des vœux publiques est le propre des religieux. De plus, comme tout chrétien, ils doivent vivre la chasteté, l’obéissance et le détachement des biens matériels. Ils doivent les vivre d’autant plus que ce sont des conditions nécessaires à la mission qui leur est confiée.
4. Quelles sont les moyens pour soutenir la vie spirituelle des prêtres ?
Le bréviaire
Les prêtres doivent dire chaque jour l’office divin, la « prière des heures » qu’on appelle « Liturgie des heures », « office divin », « bréviaire ». Depuis le Concile Vatican II, la prière du bréviaire est aussi possible en français et plus courte. La lecture méditée de la Bible et la prière personnelle constituent des moyens privilégies de la vie spirituelle. Les prêtres doivent réciter le bréviaire tous les jours, même en vacances. Il est recommandé qu’ils célèbrent la messe chaque jour.
Retraite spirituelle, Équipe de vie …
Les prêtres participent chaque année à une retraite spirituelle. Il leur est souvent proposé une retraite organisée par le diocèse avec la participation de l’évêque. Beaucoup de prêtres font partie d’une « équipe de vie » qui se réunit régulièrement pour prier et partager. Certains sont membres d’une fraternité spirituelle. « Il est bon que les prêtres les plus jeunes se retrouvent tous les quinze jours ou chaque mois, surtout pour prier ensemble et pour échanger fraternellement leurs premières expériences sacerdotales » (Jean-Paul II). La formation permanente est aussi un moyen de soutenir la vie spirituelle.
Les communautés chrétiennes ont aussi une responsabilité pour la vie des prêtres, elles peuvent les aider en étant attentives à ce qu’ils vivent et en partageant leurs soucis et leur prière.
5. Directives du Vatican sur la vie spirituelle des prêtres
Vatican II, Décret « Presbyterorum Ordinis » (7 décembre 1965), chapitre 3 : La vie des prêtres
- Vocation des prêtres à la perfection
- Exigences spirituelles particulières dans la vie des prêtres (obéissance, célibat, pauvreté)
- Moyens au service de la vie des prêtres (études, rémunération, sécurité sociale)
Congrégation pour le clergé « Directoire pour le ministère et la vie des prêtres » (11 février 2013)
- Identité du prêtre (dimension trinitaire, christologique, pneumatologique, ecclésiologique, communion sacerdotale)
- Spiritualité sacerdotale (contexte actuel, demeurer dans la prière, charité pastorale, prédication de la parole, eucharistie, sacrement de pénitence, guide de la communauté, célibat sacerdotal, obéissance, esprit de pauvreté, dévotion à Marie)
- Formation permanente (organisation et moyens, les responsables, situations spéciales)
Documents
- Les textes de la Liturgie des heures de chaque jour et chaque heure
- La liturgie des heures : une école de prière
- Bréviaire, Prière du Temps présent. Qu’est ce que le bréviaire ?
Documents sur les vœux des religieux
Le célibat sacerdotal et le mariage des prêtres
L’opinion publique tend à mettre en cause le célibat des prêtres : on lui reproche des choses très diverses : d’être la cause de la crise des vocations, d’imposer aux prêtres quelque chose d’inhumain, d’être la source de déséquilibres sexuels comme la pédophilie et de conduire certains prêtres à avoir une double vie.
1. Les prêtres catholiques de rite latin ne peuvent pas se marier
L’Église catholique de rite latin n’ordonne prêtres que des hommes célibataires pour la raison qu’il y a une « convenance » entre la vie et le ministère des prêtres et le célibat. Le célibat des prêtres est fondé sur l’imitation du Christ, sur la fonction du prêtre représentant du Christ tête de la communauté et sur la disponibilité du prêtre au service de l’Église. Saint Paul estime qu’il est bon d’être célibataire, comme il l’est lui-même, parce qu’ainsi on est davantage libre de « s’occuper des affaires du Seigneur » (1 Co 7,1,7, 8, 32-34). L’engagement pour toute la vie est le signe d’une consécration totale au Christ. Le célibat sacerdotal a ainsi une motivation évangélique et apostolique. Le prêtre choisit de vivre le célibat à l’exemple de Jésus et par son célibat il acquiert une paternité spirituelle.
1bis. Amitié entre un prêtre et une femme
Peut-il y avoir une amitié entre un prêtre et une femme ? Le prêtre a besoin d’amitiés féminines. Il est « nécessaire que les prêtres se comportent avec la prudence requise dans leurs relations avec les personnes dont la familiarité peut mettre en danger la fidélité au don ou susciter le scandale des fidèles » (Directoire ministère et vie des prêtres, 82).
2. Histoire du célibat des prêtres
Le célibat des prêtres, depuis quand ?
Jésus lui-même a fait le choix d’être célibataire. Déjà au temps des Apôtres, on trouve des prêtres célibataires, des veufs non remariés, et aussi des prêtres mariés qui vivent dans la continence. Les moines ont toujours été célibataires. L’obligation de la continence des clercs (évêques, prêtres et diacres) depuis le jour de leur ordination était en vigueur dans des régions d’Occident, au moins depuis le concile d’Elvira (Espagne, 300-303). Cette obligation de la continence a été étendue à l’Église par le pape Sirice par les décrets « Diretta » et « Cum in unum » dans les annéees 385 et 386. Ceci a été confirmé par le 1er Concile du Latran (1123) et le Concile de Trente (1563).
3. Les prêtres catholiques orientaux peuvent se marier ?
« Dans les Églises Orientales, depuis des siècles, une discipline différente est en vigueur : alors que les évêques sont choisis uniquement parmi les célibataires, des hommes mariés peuvent être ordonnés diacres et prêtres. Cette pratique est depuis longtemps considérée comme légitime ; ces prêtres exercent un ministère fructueux au sein de leurs communautés. D’ailleurs, le célibat des prêtres est très à l’honneur dans les Églises Orientales, et nombreux sont les prêtres qui l’ont choisi librement, pour le Royaume de Dieu. En Orient comme en Occident, celui qui a reçu le sacrement de l’Ordre ne peut plus se marier. » (Catéchisme de l’Eglise Catholique, n. 1580).
- Décret « Orientalium ecclesiarum » sur les Églises orientales catholiques.
- Benoît XVI, Exhortation apostolique post-synodale Ecclesia In Medio Oriente sur l’Église au Moyen-Orient, Communion et Témoignage, n. 48.
4. Dans certain cas, l’Église peut-elle autoriser le mariage des prêtres de rite latin ?
Pendant 20 ans, Jean Paul II a donné son autorisation à plus de 220 ordinations d’hommes mariés, le plus souvent pères de famille, anciens pasteurs protestants ou anglicans convertis au catholicisme.
Benoît XVI a donné cette possibilité aux anglicans entrés dans la pleine communion de l’Église catholique puisse demander au pape d’autoriser « par dérogation au canon 277 § 1, que soient admis à l’ordre des prêtres des hommes mariés, au cas par cas et en fonction de critères objectifs approuvés par le Saint-Siège. » (Constitution apostolique Anglicanorum Coetibus sur l’établissement d’ordinariats personnels pour les anglicans qui entrent dans la pleine communion avec l’église catholique, VI, §2)
5. Quelle est la position de l’Église vis à vis du mouvement qui demande le mariage des prêtres ?
Il y a actuellement dans l’Église un mouvement qui réclame la possibilité de se marier pour les prêtres de rite latin. Le Vatican a pris position contre ce mouvement dans le Directoire pour le ministère et la vie des prêtres, Le célibat sacerdotal § 79-82 (11 février 2013).
6. Si les prêtres pouvaient se marier, n’y aurait-il pas plus de prêtres ?
C’est possible, mais ce n’est pas certain. En effet chez les pasteurs protestants qui se marient, il y a une crise des vocations. De plus le traitement du prêtre serait faible pour faire vivre une famille, si le prêtre n’avait pas un travail professionnel par ailleurs.
7. Que deviennent les prêtres qui se marient ?
Les prêtres qui se marient n’ont plus de ministère sacerdotal. Ils ne peuvent pas se marier religieusement, sauf s’ils obtiennent de Rome une « perte de l’état clérical ». Cette perte de l’état clérical ne comporte pas la dispense du célibat (sauf si l’ordination est invalide), qui n’est concédée que par le Pape.
Documents sur le célibat et le mariage des prêtres, sur le célibat sacerdotal
- Concile Vatican II, Décret sur le ministère et la vie des prêtres Prebyterorum Ordinis, n. 16
- Paul VI, Lettre encyclique Sacerdotalis Caelibatus sur le célibat sacerdotal
- Jean-Paul II, Exhortation apostolique post-synodale Pastores Dabo Vobis sur la formation des prêtres dans les circonstances actuelles, n. 29
- Directoire sur le ministère et la vie des prêtres, § 79-82 Le célibat sacerdotal
- Congrégation pour l’éducation catholique, Orientations sur l’éducation au célibat sacerdotal
- Témoignage d’un prêtre sur le célibat